Un point bas en onde n'est pas fatal tant qu'on
ne tombe pas dans l'air mort
Mardi 1er février 2017
J'ai un peu
perdu le fil météo. La semaine dernière, en séjour rando(s)
dans les Pyrénées Orientales (les Angles, à coté du terrain de
La Llagonne, les vélivoles connaissent), j'ai presque réussi à
éviter d'avoir le nez en l'air, quoique:
Ressaut
du
Canigou-Puigmal depuis la station des Angles
Mardi, Bertrand
m'annonce qu'il est disponible mercredi (ce n'était pas
prévu). Les cartes montrent déjà un peu de Sud-Ouest qui va se
renforcer mercredi, pour devenir infernal jeudi et le reste de
la semaine, oscillant entre le 250 et le 280, avec cunimbes.
Mercredi est LA journée. Pas vraiment moteur sur ce coup là
car je n'ai pas mis les fesses dans un planeur depuis
septembre, je me laisse facilement convaincre par Bertrand qui
a volé dimanche dernier. L'équipage sera dans les clous
règlementaires du point de vue du Club.
C'est Michel
qui nous remorque. Départ plume basse et verrière embuée, ça
accélère et décolle comme depuis une piste en dur. L'herbe est
rase, les pointes légèrement grillées par le gel récent, le
sol est dur. Dès qu'on a un peu de vitesse, la buée disparait,
c'est parti. Il est 10h20.
Remorqué calme
jusqu'à la crêtes des Issarbes, point de départ directement
dans le laminaire après moins d'une minute dans la machine à
essorer.
La montée sera
facile, l'avancée vers l'Ouest lente (éh bé, on n'est
seulement à l'Orhy? ça se traine!) et on s'arrêtera sur la
vallée des Aldudes. Plus loin, la cambrure de ce qui pourrait
être une lentille est faible, et au sud de San Sebastien, un
mur interdit de toutes façons de voyager plus à l'Ouest.
Cap
à l'Ouest le grand ressaut est balisé. Par contre rien de
matérialisé à plus basse altitude.
C'est
la
fête des enfumeurs! Au fond, la côte basque
Je choisis une
option de retour vers l'Est directe. On sait que le ressaut
des Issarbes est bon, on avance en chutant plutôt que de se
peler à 5800m. Pas certain que ce soit le choix optimal, mais
il permet d'économiser l'oxy et surtout les calories. On
remonte comme attendu au plafond de la LTA, et avance via le
Soulor, et Luz Saint Sauveur jusqu'à Piau Engaly.
Cap
à l'Est. Au centre la crête dentelée de la Forca. Cela givre
un peu malgré le soleil, en place arrière
On
est à 5800m d'altitude. Au 1er plan la crête Aspe-Ossau et le
pic du midi d'Ossau
En
bas de l'image le sommet de la station de Luz Ardiden. au
centre à droite, le cirque du Lys à Cauterets
Piau
Engaly
Et là,
hésitation. Rien de bien balisé vers Peyragudes, bien que le
ressaut Luchon Aneto semble matérialisé très haut. On repart
vers l'Ouest, et passe à coté des zones positives qui ne
semblent pas être aux endroits où je les attends, sans
matérialisation aucune, sauf le trottoir supérieur. La
descente avec composante vent de face est inexorable. On
l'arrête vers Aucun sur les crêtes Soulor Couraduque, et on
arrive à l'Aubisque à 2100m. La fin du vol semble proche, et
on en prend notre parti. Après tout, on a fait une très belle
ballade. Mais on est maintenant à l'heure "chaude". Il y a
plein de bulles. On
travaille en thermique devant Gourette là où j'ai parfois eu
les dents du fond qui baignaient, mais c'est doux aujourd'hui.
On n'y trouve pas le rotor qui nous propulserait dans l'onde.
Gourette
et
le massif du Gabizos
Cela zérote,
tout en avançant vers la sortie de la vallée, car on ne tient
pas à s'y faire piéger. On y va doucement, en se disant que ça
pourrait repartir, mais en anticipant une route de retour au
vent d'Escurets. Et puis, une bulle sous le vent de la falaise
aux vautours nous remonte, et devient un véritable ressaut
avec vue sur un feu d'écobuage violent en entrée de vallée
d'Ossau
Le
massif
d'Escurets, vu de l'Est de la vallée d'Ossau ou la fumée de
l'écobuage part.... plein Sud, tandis que sur le piémont ça
part vers l'Ouest. Compliqué, les basses couches.
C'est Bertrand
qui pilote. Le partage des tâches est simple aujourd'hui.
Bertrand monte, je descends. Y a des jours comme ça.... Plus
sérieusement, l'équipage fonctionne bien avec des
confrontations d'analyses, et des décisions argumentées. A
3200m, pratiquement sur la plaine, on peut avancer, sans
perdre d'altitude. On est dans un ressaut déclenché par la
crête Massibé-Lauriolle-Bareille. Une crête en demi fer à
cheval face au Sud-Ouest, donc parfaitement orientée. Il est
donc aisé ensuite d'accrocher le ressaut de Bedous,
Dans
le ressaut d'Accous-Bedous, sous le trottoir. Inespéré une
heure avant!
Ensuite c'est Ste Engrâce, où c'est matérialisé par des cumulus plus que des rotors, et on continue ainsi jusqu'au delà de l'Orhy au droit du lac d'Irabia, avec vue sur les Aldudes
Cela devient
plus délicat au delà. On voit bien le trou de foehn au delà
des Aldudes, mais à notre altitude, au front de la lentille,
plus d'ascendance avérée, juste un zéro. Qu'à cela ne tienne, Il nous reste encore
assez de temps pour faire un point d'arrivée à l'Est. Et c'est
l'occasion de constater que si la direction du vent semble
similaire, sa force a changé. A position identique sur les
Eaux Chaudes on monte moins haut en ciel maintenant
complètement clair. Les lentilles sont loin là-bas sous le
vent du Luchonnais
Le
massif
du Gabizos sous un angle un peu différent de tout à l'heure.
On est au-dessus des Eaux Chaudes
Le
Barbat
est droit devant, le sommet des pistes de Cauterets derrière
cette crête en demi U
On arrêtera à
Cauterets, pour descendre en douceur vers la plaine, sortir
les soupapes sous une couche de plus en plus continue et se
poser après... 7 heures d'un vol superbe
ps: Jeudi fut
humide de sud, et le week-end suivant vit passer Leiv et
Marcel, deux dépressions hivernales qui laissèrent quelques
traces sur le trait de côte et des dégâts dans les terres.