Alp 2016

épisode 2

sud


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Samedi 21

Deux planeurs d'Oloron sont donc sur place, auquel il faut ajouter celui de Christophe qui passera quelques jours seulement en Cerdagne. On sera bientôt rejoint par Florian et son DG600, puis dans quelques jours par Florent qui convoiera le Lak17 depuis Oloron. Le Janus est monté depuis hier, Le montage de l'Ash25 avec ses 25 mètres d'envergure en quatre morceaux se fait lentement mais sûrement. En plus du véhicule tracteur de la remorque, il est accompagné d'une voiture rien que pour les accessoires, dont un kit "montage homme seul" (un système évitant aux monteurs de se casser les reins, c'est lourd une demi aile), qui ne tient pas dans la remorque empruntée à Noël (la remorque en titre attendant sa certification française) et des housses épaisses, conçues pour protéger le planeur de gros grêlons, mais qui occupent du volume dans leur gros sac...

 

Montage en cours de l'albatros

ça y est! il est assemblé. Mais il est tellement grand qu'il ne rentre pas entier dans la photo

 

Une fois les planeurs prêts, on les convoie vers le bout de piste, d'où ils prendront leur envol derrière un avion remorqueur. Il y a plusieurs façons de faire la mise en piste. La façon "privé" où le planeur est attaché par la queue à une voiture par un dispositif adapté rigide. Et puis il y a la façon "club", où l'on se contente d'un câble souple, d'une voiture et d'un aide qui tient l'aile. Cette opération ne pose aucun problème en terrain mou où il faut un effort pour faire avancer le planeur, elle peut en poser en terrain dur et en légère déclivité si un à coup entraine une perte de contrôle du planeur qui n'a qu'une envie: rattraper le véhicule remorqueur. Lors de l'assistance  à la mise en piste du Janus du club, Pierre accélère au lieu de s'arrêter et attendre que les remorqueurs finissent leurs essais moteur sur le taxiway. Le planeur s'échappe. Je cours après, et me tord la cheville dans un trou scélérat. Je finis en roulé boulé, écrasé de douleur. Le planeur termine sa course le nez dans le talus mais sans dégâts, la voiture aussi. C'est moi qui suis salement amoché. A chaud, la marche est possible, ce n'est pas cassé. Je peux embarquer en boitillant dans l'Ash25 qui est je le rappelle un bi-place, et décoller pour un vol phénoménal de 600km avec Benoit, permettant de découvrir pratiquement tout le terrain de jeu.

 

L'albatros au décollage

Peu après le largage au Nord du terrain , avec l'Ash25 de Christophe, Alp et la Molina en arrière plan.



Les sommets Andorrans et au fond la crête frontière ariègeoise

 

La route du jour  passe par le Sud. On n'a pas besoin d'entrer dans le haut relief pour voyager. Le vent de Sud est significatif, et de nombreuses ascendances se forment dès les premiers reliefs. On franchit la vallée du Valira au sud de l'Andorre et on va donc chercher les pompes du coté ensoleillé des montagnes,  qui est aussi le coté au vent, sautant d'une ligne de crête Nord-Sud à une autre. Il est indispensable de rester haut, afin de pouvoir atteindre en finesse une zone posable en cas de disparition des ascendances. Ces zones posables sont rares et très espacées. Il vaut mieux les avoir en tête au cas où, même si leur position est en mémoire dans le GPS embarqué.


Faces sud: des vallées étroites peu peuplées et  imposables. La connaissance des dégagements possibles est indispensable


Sort, et sa zone posable en aval, marquée d'un trait rouge sur l'image.

 

Cette ballade en zone nouvelle pour moi, est aussi l'occasion de découvrir les nombreuses stations de ski nichées sur les faces Nord des crêtes que l'on survole. Toutes sont équipées de systèmes d'enneigement artificiel, avec leur réserve d'eau, sans lequel, avec un enneigement tardif comme cette année, pas de survie possible. Le printemps a été froid, il reste encore beaucoup de neige sur les hauteurs

 

La station de Boï-Taull. Au fond l'Aneto et les sommets du parc d'Aigues Tortes.

Celle de Cerler. Au dessus de 2200 mètres, la couche est encore épaisse en face Nord. Notez la couleur rosée de la neige, due aux particules sahariennes apportées par les vents de Sud pendant tout l'hiver et qui se concentrent en surface avec la fonte. Là où c'est blanc, c'est de la neige récente. On est en mai, mais il a encore neigé il y a peu en altitude.

 

Après Cerler, on traverse la vallée de l'Esera qui recueillerait les eaux du glacier d'Aneto si celles-ci n'étaient pas capturées au trou du Toro, pour résurger en val d'Aran vers la Garonne. On passe au Nord de Castejon de Sos ou se trouve un terrain ULM utile si ça ne se passe pas bien. On en reparlera cette semaine... On passe ensuite à l'extrémité Sud-Ouest du massif de Posets, cap sur le Mont Perdu

 

Ibon de Barbarisa, au Sud-Ouest du massif de Posets. Au fond à droite, la Maladeta.


Sierra de las Sucas, extrémité Est de l'axe Taillon-Mont Perdu. A droite la vallée de la Pineta. On cheminera à gauche et donc au vent du relief


 



Un  planeur avec en arrière plan la brèche de Tuquerrouye

La brèche de Rolland, et le refuge de Sarradets. Au soleil, la station de Gavarnie-Especières

.

 

On est alors en terres connues, le massif du Mont Perdu étant très souvent l'extrémité orientale du terrain de jeu au départ d'Oloron.  Les pentes fonctionnent à merveille. Le vent vient buter sur ces grands châteaux forts calcaires, et point n'est besoin d'enrouler un thermique. On monte en ligne droite ou au pire on accélère pour ne pas être avalé par les nuages. Et cela dure... 100 km, parcourus en un temps record. La vitesse moyenne sur l'aller retour Posets-La Forca, où nous virons à 230km de Alp, est de 140km/h.

 

Point de virage à la Forca. Quand on se retourne on distingue toute l'enfilade des sierras calcaires, Visaurin, Collarada, Tendenera, Mont Perdu.

 

On rentre par le même chemin, tout aussi vite sinon plus qu'à l'aller, grâce à une composante vent dans le dos non négligeable. On fait néanmoins une petite variante par le Nord du massifs des Encantats et Espot, où le cheminement semble meilleur, avant de franchir l'Andorre au même endroit qu'à l'aller....

 

Bony de la Pica et Andorre la Vieille. Tout le fond de vallée est urbanisé, ce qui contraste avec les vallées espagnoles à l'Ouest de la principauté

 

Lac de Matemale

 

... pour terminer cette longue branche à l'Est de la station des Angles et du lac de Matemale, sur le domaine de ski de fond de la Llose.

Il n'est que 17h15. On a le temps de retourner vers l'Ouest pour découvrir la haute vallée du Valira et l'un des plus grands domaines skiables des Pyrénées, avant de tranquillement aller se poser.


Le port d'Envalira balisé par l'antenne onde moyenne de Sud Radio, arrêté en 1984.

 

En un vol phénoménal, le plus long du séjour, (on a bien fait d'anticiper notre arrivée de 24 heures) on a donc parcouru presque tout le terrain de jeu accessible depuis Alp, faisant au passage la jonction avec le domaine auquel on accède d'habitude depuis Oloron. Alp est une belle base de départ.

C'était pour moi l'accoutumance à l'Ash25 qui a remplacé l'Aw20 et auquel je ne suis guère habitué. Peu de pilotage, j'assiste Benoît utilement, car son affichage de vitesse est débranché, et au ras des cailloux une vitesse trop basse peut être fatale. Cela me permet une adaptation progressive sans stress, pas d'envie de dégueuler (bin oui, ce sont des chose qui arrivent, hélas, surtout si l'on ne fait pas encore corps avec la machine), un confort inégalé. Je prendrai les commandes en fin de vol, pour découvrir un planeur qui se pilote surtout aux palonniers (aïe, la cheville), une habitude à prendre. Paysages splendides, avec découverte de reliefs jamais par moi survolés au départ d'Oloron, à l'Est de Baqueira-Beret et des Encantats. Pas vraiment terra incognita, vu le nombre de séjours que l'on a fait en Cerdagne et Capcir. L'occasion de voir ces sommets sous un angle différent. Je n'ai pas sorti une fois la carte....

 

Le débarquement de l'Ash25 est douloureux. Si la manœuvre des palonniers était indolore, je ne pose plus le pied droit par terre. Obligé de me mettre à genoux pour pisser. L'horreur.  J'attends donc sagement les rangements dans la voiture. On intègre l'hôtel réservé pour ce soir et toute la semaine, on ne devait arriver qu'aujourd'hui lorsque l'on a réservé. Pas de stationnement proche, on est samedi, Alp est plein de Barcelonais venus passer le week-end. C'est donc à cloche pieds, appuyé sur l'épaule de Bertrand qui fait plusieurs rotations bagages, que se fait l'installation. Ensuite c'est grillades à la casa louée par les autres participants. Je n'ai qu'une envie, emballé dans ma polaire par un froid glacial: me coucher tout en me demandant où trouver, un dimanche, des cannes anglaises.

 

De retour à l'hôtel, Voltarene, et dodo du vautour boiteux. On verra demain si cette affaire va interrompre le stage ou nécessiter des cannes anglaises.


La carte du jour:

 

250km de distance entre la Forca à l'Ouest et La Llose à l'Est, les deux extrémités de la trajectoire:

 

carte
en noir le nom des massifs, en jaune celui des stations de ski, en rouge les zones posables


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