Largage de sécurité en sous ondulatoire.
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Préambule: ce qui suit est moins un récit pour fana de belles images qu'un retour d'expérience à destination des jeunes vélivoles qui pourraient à la lecture d'autres récits penser que c'est toujours simple et facile de parcourir la montagne sans moteur.



Lundi 4 mai

 


 

Depuis quelques saisons le printemps ne nous gratifie plus de ces belle journées avec joufflus dans un léger vent de Sud, qui commencée en thermiques se terminent éventuellement en onde. On annonce depuis quelques jours un épisode de vrai Sud, au moins en moyennes couches, Sud-Ouest en altitude, fort.

 

Inquiétude cependant, le temps restera humide au vent du relief. Débordements possibles le matin, et surtout la masse d'air est chaude. Elle arrive de zones tropicales et ça se voit. Il y a des nuages crénelés dans les lentilles à plus de 4500 mètres d'altitude. Pour moi cela ressemble plus à une masse d'air de fin d'été que de début de printemps. L'ennui, c'est que c'est devenu une tendance fréquente depuis quelques temps. Un symptôme du réchauffement climatique?

 

Le vent sera fort, mais en décollant tôt on peut s'affranchir de violents rotors. Théoriquement.

 

 

Au terrain à 9h15 en ce lundi, je suis seul vélivole. C'est gris, mais ça va se lever, c'est sûr. Et on voit que ça souffle bien en altitude, bien que cela soit parfaitement calme au sol, avec de temps à autre une petite rafale d'Est. La masse d'air est encore humide.

 

onde
                humide

 

Je parcours toute la piste planeur pedibus pour voir si aucune mauvaise surprise n'y est cachée. Un peu humide mais roulable et décollable. Jean viendra m'épauler pour sortir les planeurs rangés au chausse pied et libérer DI. Cela prend du temps et on décolle à 11h20, ouf, on est arrivé à débaucher l'homme en charge de l'entretien et plus au club avion pour me tenir l'aile. Il y a une légère composante vent arrière, et avec ce terrain mou, le roulage est long, mais on passe haut en bout de piste. 200 mètres de calme et la valse commence. Normal. Ensuite ça se gâte. Le point de largage prévu par vent de Sud annoncé est sous la flotte. Un nuage scélérat a débordé jusqu'à Bedous. On va donc vers les Issarbes, ce qui ne m'enchante guère car on va passer sous le vent de l'Anie.

J'ai déjà eu des départs secoués parfois très bas, mais de devoir larguer par sécurité trop bas de surcroit pour un départ facile, mais déjà à 30 km du terrain, ça ne m'était jamais arrivé avec un monoplace (une fois en Janus avec Benoit). Je ne peux invoquer la surprise, deux alertes traitées aux AF ont précédé celle là. Au sud d'Arette, au premier relief, zone de largage potentielle, Le remorqueur a plongé (décroché? pas impossible on passait par des écarts de vitesse verticale phénoménaux, mais étonnant pour un rallye avec ses becs) ou plus probablement s'est fait dégueuler alors que j'étais encore en positif. Et là, l'avion qui plonge à droite, et le planeur qui ne tourne pas ou mal, pied manche à fond... Largage à 1800m donc pour éviter une catastrophe en tension. L'erreur ensuite a été de ne pas revenir me poser pour assurer un départ immédiat en vallée d'Aspe, comme prévu vu la direction du vent, le nuage de pluie ayant disparu. Moins cinq à moins dix dans la foulée, retour sous le vent à Arette à 1200 mètres mais chute interrompue. Cela souffle à 60 km/h en témoigne le tracé de la spirale de raccrochage sur GPS. Puis cheminement vers le terrain, car si la chute était interrompue, ça ne remontait pas vraiment. J'avais toujours l'espoir que ça reparte car en chemin j'ai pris quelques brèves mais virulentes pompes, et le ressaut d'Ogeu me semblait possible car vaguement matérialisé très haut. Mais en huit ou en spirale, ce n'était que fugace, avec parfois un bref décrochage dissymétrique à la clé, une aile dans le moins une dans le plus, et une dérive costaude, normale quoi. Une fois abandonné l'espoir de remonter avant que cela soit mon estomac qui le fasse, j'ai décidé l'atterro en envisageant de repartir en Aspe ensuite, pourquoi pas, d'autant que sapé pour un vol à 5000m ça commençait à bouillir en basses couches hyper chaudes pour la saison.

 

La finale a été intéressante. Personne au sol pour te dire comment c'est. Le tracteur est en train de tondre la piste avion, géniaaaal. La biroute est pendante, c'est déjà ça, mais elle n'est pas fiable si ça souffle d'Est-Nord-Est. Option par défaut la 25, car si ça se met à souffler fort jusqu'au au sol ce sera du Sud-Ouest. Choix avec un soupçon d'inquiétude car y a un rotor verticale piste, je l'ai testé. Jusqu'à 50 mètres sol ça castagne et le vent de face est phénoménal. J'affiche une vitesse légèrement inférieure à la vitesse max autorisée par les landing et ça se passe en douceur, touché dans l'huile. Posé long certes, vu la vitesse affichée et l'absence de vent au sol mais bien dans l'axe. Grand calme, mais pas le temps d'ouvrir la verrière, rafales… de Nord-Est. Puis grand calme de nouveau, puis rafales dans le sens opposé, du Sud Ouest. Cela restera ensuite comme ça, le rotor a du aller se faire voir ailleurs. 

 

 

Pas d'image en vol. Cela vous étonne?

 

Leçon: par vent fort, prise d'altitude le plus loin possible du relief tout en ménageant une finesse de retour, pour arriver haut dans la zone intérressante.

 

J'ai néanmoins logiquement abandonné l'idée de re-décoller pour vérifier, d'autant qu'il fallait mettre la mobylette et le Twin à l'abri.

 

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vent au
                sol

vent au
            sol

 

Ce qui est météorologiquement dingue, c'est l'état du ciel sur la photo. On a des nuages crénelés à plus de 5000m ce qui me laisse penser que la branlée aurait été possible (plus faible évidemment) aussi en altitude, comme en plein été. C'est la deuxième fois que j'observe ça en un an. Des conditions d'onde estivale, hors saison. Que l'on trouve ça en août (vol en onde bannie à cette époque de l'année pour ma part), voire fin septembre, d'accord. En mai, réputé pour moi "ondulette douce et beaux joufflus", j'y vois un signe du réchauffement climatique, mais les vieux briscards ont peut-être un avis plus pertinent.

 

J'ai quitté le terrain alors qu'il y faisait 31°, avec biroute horizontale vers 15h30.  A Gan il ne faisait plus que 24. L'air mort quand c'est virulent est alors confiné en fond de vallée derrière le ressaut topographique de Belair. Le soir alors que j'admirais le crépuscule depuis mon coteau avec 23° au thermomètre digital, une rafale d'air chaud l'a fait monter à 26°. La force du vent en altitude balayait temporairement l'inversion rampante. J'avais observé ce phénomène le 28 février 2010, lors de la tempête Xynthia, avec des écarts encore plus grands,  on était en hiver.

 

 

Si l'été arrive dès le mois de mai, la piste sèchera plus vite, mais notre activité va devenir difficile à pratiquer. Ce soir entrée maritime, et bourrasques à 35 knts de NO demain matin, et dix degrés de moins au thermomètre car l'air Islandais va remplacer l'air tropical.

 

La montagne est belle, quand on y est moins secoué.

 

 

crepuscule
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Capture d'écran du système de traçage à partir des données Flarm, mis en place cet hiver. Au moins un planeur a réussi à circuiter, depuis St Girons (où il n'y a pas encore de récepteur), selon la netcoupe. Sa trajectoire n'est pas sur le 1er ressaut, ce qui n'est pas surprenant.... sauf vers Luchon, mais il devait être très haut.

 

carte


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