A l'Ouest, il n'y pas
d'air mort en basses couches par vent de sud.
Si
l'onde n'existe pas, la cascade est bien là, et
large.
Après
une semaine très
favorable au voyage, c'est une belle journée qui
s'annonce, mais avec un régime général passant au
Sud. On rêve
d'Espagne, considérant
la masse d'air toujours meilleure en face sud. Il faut
attendre d'être en
l'air derrière le
remorqueur pour découvrir
que
le Visaurin est accroché
et que derrière, s'il
y a du bleu cela doit
être très loin. Le vent
coté
espagnol est de Sud-Est, avec un assèchement d'Est en
Ouest, une fois n'est pas coutume. La vallée d'Aspe
constitue une limite Est-Ouest. A l'Est après un démarrage rapide de
la cumulification tout semble se souder. A l'Ouest c'est
plutôt joli. Il y a
des cumulus de part et d'autre de la crête
frontière entre Anie et
Orhy, avec un trou façon
foehn au nord. C'est donc vers l'Ouest qu'on va virer. Pas
de ressaut ressenti, mais pompes et dégueulantes
sont à l'endroit
habituel en système
ondulatoire: Il faudra donc éviter de
descendre trop bas, car la punition sera sévère: la
chute inexorable, jusqu'à des
altitudes loin en dessous du plan de retour vers un champ
posable si on ne fait pas attention. Compensation, il n'y a
pas d'air mort, le racrochage sera possible en
thermodynamique mais loin au Nord, ce qui est toujours inquiétant.
Donc prudence. Voilà
pour la théorie.
voyons la pratique:
le massif des
Arbailles
Arrêt
de la 1ere branche au Km 50. Retour vers l'Est et tandis que
Pierre et son Lak foncent vers la vallée de la
Garonne et plus.
Cap à l'Est, cela paraît un peu crade sur les Pyrénées centrales.
La Pierre St
Martin encore bien enneigée . On pourrait presque skier
jusqu'en bas de la station
Les orgues de
Camplong. La neige souligne le réseau de fractures du plateau
calcaire.
Sesques, face
Sud-Ouest, au plafond. Iriez vous voir si c'est bon en
vallée d'Ossau?
Ecobuage
tardif sous la crête Aspe Ossau, à l'Est de Bedous. En mai, est-ce
bien légal?
Notez qu'une
fois la crête atteinte, la fumée monte droit. Vent calme. En pays
basques les rares fumées témoignent de vents de plus de
30km/h
Je m'arrête
donc en Aspe, trouvant que 7/8 de Cu accrochés au relief,
c'est peu de garde au sol et donc passage obligé par
des cols, avec dégagement
forcément en
plaine au nord. Et si ça
ne raccroche pas en plaine, ce qu'il ne m'est pas possible
de savoir (on voit que le soleil y est rare), ce sera aller
simple avec un dépannage
pas sympa un dimanche soir.
Je
repars donc à
l'Ouest voir la mer depuis la verticale d'Aneguy, en restant
collé au plafond, qui
devient de plus en plus plat, avec des bord d'attaque francs
façon onde mais sans
onde exploitable, et zut. Depuis Arnéguy au
Km 50, je suis sur le plan à
condition de ne pas circuler dans une gouttière.
Aneguy: comme ça sans tricher: où feriez vous passer
la frontière entre Espagne et France?
Vous avez lu le début du
texte incluant la théorie
"chute inexorable"; eh bien j'y ai droit depuis Arnéguy jusqu'au sud
de la Madeleine, 40 bornes en négatif,
avec quelques répits là où normalement ça monte
(Sud des Arbailles, crête
au Nord de Larrau). La cascade. Il est temps de chercher une
zone posable entre Tardets et Mauléon, car les 15 km
qui me séparent
des champs de la sortie de la vallée d'Ossau sont
imposables (ou du moins par moi considérés comme
tels). J'espère un
racrochage sur le relief au sud d'Arette, point de départ
classique par secteur Sud. Trop loin maintenant, hélas.
Avec un vent d'Est plus que probable en basses couches, les
quelques prairies d'Arette ne sont même pas
accessibles. Vieux réflexe, après une
autre claque au Sud-Est de Tardets, je préviens les copains
que je suis pénalisable
d'une
vache, tout en décidant
d'essayer d'accrocher sur les faces Ouest entre Erretzu au
Sud puis Madeleine plus au Nord, en local de zones posables.
A mon arrivée sur la
pente d'Erretzu, pas très haut
au-dessus de la crête
le soleil l'éclaire,
et accessoirement je suis devenu sourd.
Décoller avec un rhume carabiné, je sais, ce n'est pas
prudent surtout si ensuite on tombe de 1800 mètres en
quelques minutes. Les oreilles se bouchent et il devient
impossible de compenser le changement brutal de pression.
La fin de vol brève ou longue se fera donc dans un quasi
silence imposé. La pente est
orientée
Sud-Ouest, et il n'y a pas d'air mort. Enroulage en aveugle
sous un vautour, et ce sera la meilleure pompe de la journée, + 5m, avec une
solide dérive,
mais qu'importe, il n'y aura pas de vache ce soir, ouf.
Debrief:
1-Pourquoi avoir cheminé au
nord de la frontière
et sous le vent du relief? Une tentative lors de la 1ere
branche s'était
soldée par un
échec:
les cumulus coté
Espagne ne donnaient rien. C'était probablement
des restes de pompes générées plus
loin sous la ligne noire en amont au vent, mais impossible
d'y aller voir. Le couloir positif était décalé coté Français, en aval du
"trou de foehn" généré par la
crête frontière. Le
vent était
nettement Sud-Est coté
Espagnol.
2-La cascade entre Anie et Arneguy coté Nord ne relève pas
que de la théorie. Si
ça ne
peut onduler, de toutes façons, même avec des vents
faibles, la masse d'air dégringole
des crêtes
frontières
(1800-2500m) jusqu'à
la plaine (300m). Un léger
répit existe au
niveau des Arbailles, massif calcaire aux falaises
orientées sud déclenchant
le
1er ressaut si ça
souffle fort, ou du thermique si soleil il y a.
3- Peut-être
la chute était-elle
limitable en quittant plus tôt la
gouttière. il
y avait des cumulus au nord des Arbailles.
Pourquoi ne l'avoir pas fait? Le cheminement
aller était
bon, tout simplement. Et si les cumulus au Nord étaient
morts, là pour le
coup, c'était au
tas.
Face nord du
Jaout. Après le ras des ronces vers Tardets
(pas de photos...) , ça fait du bien avant de se poser.
La montagne est belle et
et le vol parfois encore plus silencieux.