Lundi 24
decembre 2012
C’est le pont de Noël.
Au début du mois il est tombé des
quantités de neige importantes sur le relief. Et puis,
comme bien souvent, le coup de froid de début décembre, a
été suivi d’un redoux d’anthologie. Hier, 23 degrés à Pau.
En juillet, il peut faire moins chaud. On ne va pas
pleurer. Oublions le ski (dommage, la veille de noël, il
n’y a pas un rat sur les pistes) et en attendant des
températures d’hiver, précipitons nous pour pratiquer un
sport de glisse pyrénéen moins connu du grand public…. La
pré-alerte a été par moi lancée au vu des différents
modèles vendredi après-midi. On confirme dimanche soir, et
je n’en mène pas large en partant au terrain, craignant
que l’air mort soit inexistant, du fait de l’orientation
du vent en altitude. Plus ça souffle fort, et/ou d’Ouest
moins la couche morte est épaisse. Avec les hangars
ouvrant face au sud on est inquiet si les rafales au sol
sont fortes. Il m’est arrivé une fois de ne même pas en
ouvrir les portes.
En chemin
le lever de soleil est somptueux, l’onde est
installée, comme prévu
Au terrain la biroute est parfois
horizontale, (aïe!) mais ça ne dure pas. C’est dingue,
l’air du hangar déjà ouvert à mon arrivée est frais. A
chaque rafale, ce sont des bouffées d’air chaud (20° au
thermomètre de la voiture, et il est 8h30) qui balaient
l’inversion nocturne. On met en piste inquiet, non point
de la petite composante vent de travers, mais plutôt de ce
qui va suivre. La stratégie annoncée à Michel est donc
prise d’altitude en sécurité puis cap sur le relief, le
Soum de Liorry 1er relief au sud d’Arrette, pour arriver assez
haut, si possible plus haut que la crête frontière qui
déclenche la lessiveuse, position essorage. Le Janus
décolle en premier, et on voit bien du sol que ce n’est
pas de gâteau. Je vous avais décrit le remorqué du 24
novembre dernier. Une promenade de santé comparé à celui
d’aujourd’hui.
Dès le décollage, c’est la valse. Je
frémis à l’idée d’un largage intempestif. Heureusement, on
est au vent du terrain. Dans les 200 premiers mètres c’est
tellement virulent qu’on a deux
« raccourcissements » successifs du câble,
situation favorable à un largage non souhaité. Se poser
vent dans le cul serait alors la seule solution,
l’horreur.
Heureusement l’altitude de sécurité est
atteinte. Je demande à Michel de décaler la route au Nord
pour s’éloigner un peu du relief. Approcher en basse
couche serait fou. Il nous est arrivé une fois, en Janus,
de voir le remorqueur partir à droite, pendant qu’on
partait inexorablement à gauche, manche et pied en butée à
droite. On était sans doute chacun d’un coté du rotor, seule solution,
larguer. C’est apparemment ce qu’à dû faire Florian qui
annonce avoir largué car c’était incontrôlable. En
monoplace, moins de risque, mais bon. Plusieurs coups de
tabac avec apesanteur assurée. Les pieds, seuls éléments
non bloqués tapent le nez du planeur. Tout le reste est
solidement harnaché. Pas un gâteau ne vole, mais c’est
vraiment dingue. On alterne position haute puis basse dans
les gaz d’échappement du remorqueur, valse ou l’essentiel
est de rester ailes horizontales. Le détour au Nord est
payant. A l’arrivée sur le 1er relief on est
assez haut pour voir l’Espagne au delà des crêtes de
Belagua et soudain, +5 et le calme derrière le remorqueur…
Je me suis donc fait tirer directement dans l’ascenseur à
couillon, évitant les affres déjà vécues de l’accrochage
en sous ondulatoire, avec vol parfois balistique et dents
du fond qui baignent. Ce ressaut d’Arette est le 2nd du
système ondulatoire. Le premier déclenche à la verticale
de la crête des Issarbes. C’est celui là qu’il faut
atteindre après avoir pris l’altitude nécessaire, si on
veut voyager, car à Arette, cela monte rarement très haut.
La transition peut coûter 500 mètres, donc dès que
possible on plonge devant, en espérant ne pas passer en
sous-ondulatoire. Et ça marche ! L’ennui, c’est
qu’ensuite, pas moyen de grimper plus. A l’Ouest les
ressauts dans la haute couche ont une courbure très
faible, et un vilain défaut : ils sont loin. Pas
question d’y aller voir sans avoir assuré une altitude de
sécurité : se retrouver dans l’essoreuse au kilomètre
60 n’est guère enthousiasmant. Une vache un 24 décembre,
ouh là. Il faudrait en gérer les conséquences familiales.
Bref, tout incite à un vol de (grand-) père de famille.
L’atmosphère sous 6000 mètres est sèche : pas une
matérialisation, pas une, pour montrer le chemin. A l’Est,
les somptueuses ondulations du matin ont disparu (elle
réapparaitront vers 15h00)
Le vario est faible. Le profil vertical
du vol sera donc en toit d’usine : une heure de
montée dans du +1 m/s, 8 minutes de descente dans du
-5m/s, deux essais vers l’Ouest infructueux, malgré des
trajectoires volontairement différentes. Pas de ressaut,
et l’impression que la masse d’air descend d’Espagne. Pas
trouvé de positif même vers la sierra d’Abodi. La troisième
montée du jour nous emmènera plus haut, autorisant un
point de virage au delà de St Jean Pied de Port, sans
plus. Tant pis pour les kilomètres, ce sera photos du
relief vu de très haut : les classiques images des
Pyrénées de profil, qui apparaissent alors comme un simple
bombement de la surface du globe, entaillé par des vallées
profondes, et ce n’est pas un effet d’optique…
Le Janus dans le ressaut des Issarbes
En patrouille sur fond d’océan atlantique
Et sur fond de Pyrénées
1ere lentille accessible (FL 195) alors
que le soleil baisse déjà
Pyrénées de profil avec l’Ossau au
premier plan ;
et la vallée de Luz St Sauveur avec le
pic du midi de Bigorre à gauche. Du niveau 195, la vue
porte loin
Massif
de Gavarnie et Mont Perdu, de la verticale de Luz St
Sauveur. La vallée de l’Ebre est dans le brouillard.
Dernier coup d’œil pendant la descente
sur le Montcayo qui marque la bordure nord du plateau
Castillan