Anticipant
de grandes difficultés pour ouvrir les portes du hangar, j’ai
pris de la marge, pour éviter à Michel un déjeuner rapide suivi
d’un poireautage en attendant que le planeur soit en piste.
Surprise, ce matin le Janus est de retour de Buno (avec un
classement tout à fait honorable) et l’équipe marne déjà autour
de la remorque pour remonter la bête. Les portes sont donc
grandes ouvertes.
Il ne faut pas traîner, car si le vent est Sud-Ouest à l’étage
moyen qui nous concerne, il est d’Ouest en haut, et c’est déjà
bien blanc sur l’horizon cantabrique. Situation printannière. On
peut encore aujourd’hui se larguer sur le piémont (base à
2400m) pour atteindre la haute chaîne (bases à 3200m). La
confluence est sur le 1er relief. On voit des nuelles monter
sous les cumulus. On enroule autour d’un petit voile de
mariée, qui devient une colonne épaisse, d’où il faut vite
s’échapper pour monter devant. L’évolution est phénoménale d’un
tour de spirale à l’autre.
Les nuages du relief dérivent assez vite,
au vu de leur ombre sur la neige. Gamelle de type
sous-ondulatoire, ça secoue bien sous le vent du Jaout. Ensuite,
on chemine comme si c’était de l’onde, d’un ressaut à l’autre,
sauf qu’il n’y a pas de ressaut exploitable, même si les cumulus
sont là où il y aurait le ressaut, si ça soufflait fort. Or,
plus on avance vers l’Est, plus le vent faiblit ; Caballiros,
Barrèges coté pic du midi, Arbizon avec passage en force, la
pompe est coté Est, puis le pic du Lion, Bacanère, et enfin le
val d’Aran.
Pic du midi de Bigorre et Tourmalet, droit devant.
La pompe est sur l’Arbizon, mais aura dérivé coté Est avant
qu’on y arrive. On passera dans le col (prêt à plonger à
gauche, si le plan est insuffisant) pour accrocher de
l’autre coté.
Arreau. Noter les deux niveaux de condensation. Pour
voyager, il vaut mieux être dans la masse d’air la plus
sèche
Baqueira, hors saison de ski. L’image que vous ne verrez
jamais dans un dépliant touristique.
Crabère, Serre Haute et le
Maubermé entre Ariège et Val d’Aran
On arrête la promenade à Baqueira, pour un
retour presque par le même itinéraire. Pas question de passer
près du Néouvielle, on serait trop bas. Il faut donc tenter
l’Arbizon, où cela raccroche violemment coté Est, sous un
cumulus mais sous le vent du relief, avec la turbulence qui va
avec. Pas assez d’altitude pour passer le Tourmalet, il faut
encore enrouler sous le vent du relief, à Gripp, avant de
récupérer la confluence du 1er relief, ce qui permet d’assurer
le retour.
Le pic du midi, face Nord. Au delà, Les joufllus sont
remplacés par des lentilles.
En avançant sur la pointe des pieds d’une masse noire à une
autre, ça ne chute pas trop.
A l’Ouest l’instabilité n’a pas disparu complètement. Une sorte
de couvercle de lentilles s’est mis en place, laissant passer
quelques rayons de soleil déclencheurs d’ascendances. Les trous
sont là où sont les trous de foehn par onde avérée, les
ascendances là où sont les ressauts habituellement. Un
raccrochage bas serait sans doute impossible, mais en altitude
on chemine ainsi jusqu’aux Issarbes, pour y trouver un ressaut,
un vrai de Sud-Ouest, entre Issarbes et La Pierre St Martin. La
fin du vol de fait donc en ondulette, en laminaire, avec
une altitude maximale ne nécessitant pas l’oxygène (3500 mètres)
ni l’équipement polaire, avec en prime vue sur l’Océan.
St Jean Pied de Port et l’océan en arrière plan
La montagne est belle