La
journée devrait être fumante sur le relief, seulement
voilà, il est 13h30, et tout est bleu. Pas une nuelle, pas
un cumulus. Les cartes prévisionnelles des vents donnent
du sud au sud, du nord au nord : il devrait y avoir une
confluence. Rien. On consulte les webcams du pic, du bleu.
Et puis soudain, une tête de congestus apparaît là bas
loin derrière l’Orhy, probablement à l’ouest de Pampelune.
Benoit décolle en janus, pour un remorqué qui risque
d’être long. Direction la frontière, « dans les clous »
c’est à dire à l’Ouest du parc naturel, et en sécurité,
c’est à dire assez haut pour plonger vers Jaca. En route
il aperçoit des planeurs très haut vers le Visaurin, et
des cumulus en formation très loin vers Torla.
L’info est suffisante pour un largage vers les aiguilles
d’Ansabère. La rotation du remorqueur dure près d’une
heure, ce qui laisse le temps à d’autres cumulus de se
former, et je ne décolle que vers 15 heures, mais sachant
que Benoît a traversé, c’est jouable.
Faut
y croire
Sur
les crêtes frontières, largué à plus de 2000 mètres, le
vent est du Nord-Est, et on se laisse dériver dans du zéro
vers le sud. Dès le largage, c’est le local de Jaca qu’on
assure. On oublie le coté français.
Benoît à trouvé une belle dégueulante là où ça monte
habituellement au Visaurin, confirmant un fonctionnement
sous ondulatoire assez violent. En possession de cette
info précieuse, je vais directement me récupérer sur les
croupes vertes (La Cuta) mais sans vraiment réussir à
passer 2400 mètres. C’est chaud, mais les cumulus là bas
vers le Mont Perdu sont superbes. Il ne faudrait pas que
le vol en panier à salade s’éternise, parce que c’est
fatigant. Enfin une pompe sur les croupes de Villanueva
permet d’aller chercher le meilleur au sud de la Tendenera
en longeant la Partacua, et là, commence enfin le
festival.
Sierra
de Partacua
Les sommets de Gavarnie… vus coté Sud. A gauche Taillon
et Brèche
Le parcours habituel des faces sud est
avalé avec une facilité déconcertante. Les bases de la
confluence sont à 3500 mètres, car il y a bien une
confluence, mais située une fois n’est pas coutume, coté sud
du haut relief. Cela explique le vent de Nord-Est au
Visaurin avec la dégueulante associée. La confluence
s’aligne depuis le Mont Perdu jusqu’au bout du parc
d’Aigues-Tortes, au sud des Encantats. Sur le coté haut
relief de la confluence, on observe des bases beaucoup plus
élevées, un classique déjà vu coté français.
Rencontre
sur l’arête sud de Posets, avec la station de ski de
Cerler en arrière plan.
Le jeu consiste donc à chasser la pompe
au vent de la confluence, et on voyage alors très haut, pour
du thermique : 4400 mètres devant l’Aneto.
Tandis que Benoît qui avait une heure d’avance au départ,
vire du coté d’Alp, j’arrête les frais au bout du parc
d’Aigues-Tortes, sur les lacs de St Maurici : il est déjà 17
heures.
Plus
de 20 lacs dans la même image : unique sur le relief
pyrénéen . St Maurici et le Pic de Peguera
Le retour se fait sur le même cheminement, Aneto, Posets,
Urdicetou, Pene Blanque.
Posets
face Est. Derrière le sommet on aperçoit le pic du midi
de Bigorre
A l’approche du Mont Perdu il faut faire un choix : tirer
tout droit (le plus tentant et le plus court) ou plonger en
face sud par le col d’Anisclo, au prix d’une solide perte
d’altitude, cette dernière option étant la bonne, car on est
assuré de trouver une zone ascendante qui se déclenche sur
le canyon, alors qu’en général rien n’est à espérer coté
français.
Le Mont Perdu, face Nord-est. Plafond à plus de 4000m
coté Sud.
le canyon d’Ordesa
A l’Ouest le ciel est bleu. La visibilité est excellente et
il n’y a pas un cumulus avant ce qu’on estime être le
Visaurin…. A 50 km. Il faut donc se coller au plafond (4200
mètres quand même) et se dire que de la-haut, à 75 km
d’Oloron, on a largement la finesse pour rentrer, à
condition toutefois de ne pas cheminer dans les
dégueulantes.
Sauriez
vous estimer la distance à laquelle se trouvent les
prochains cumulus ?
J’avance donc vers l’Ouest, collé au plafond, loin au-dessus
de la zone dégueulante déclenchée par la Tendenera et la
Partacua. Ce n’est qu’au niveau de la Collarada qu’on se
retourne pour constater que la confluence à l’Est du Mont
Perdu a évolué en cunimbe
A
gauche de l’image l’Ossau. Vue sur les lacs de
Piedrafitta et Sallent de Gallego, à droite le Garmo
Negro et Balaïtous.
Vue vers l’Est depuis la verticale de Villanueva, en
aval de Canfranc
Il se fait tard. Une dernière pompe du coté de la Forca, et
on part perdre de l’altitude vers le Pic d’Orhy avant de
rentrer à la maison. En fait, depuis le canyon d’Ordesa, le
local d’Oloron a été continuellement assuré. En fin de
journée, il vaut mieux éviter un point bas fatal…. Benoît,
qui n’avait pas pu faire le plafond à Ordesa, s’est fait
dégueuler sous le vent de la Tendenera puis de la Partacua
et a dû batailler dur coté sud pour avoir l’altitude
suffisante pour passer la frontière et rentrer à la maison.
Il y a eu un petit moment d’inquiétude.
Le
pic d’Orhy avant le dernier plané vers Oloron