On ne vous raconte pas forcément tous les à-coté du
vol à voile.
Le départ pour un vol d’onde nécessite quelques préparatifs
inattendus pour le néophyte.
On décolle le matin. Pour un vol d’onde, pas besoin
d’attendre le démarrage de la convection… au contraire.
L’absence de convection permet de trouver le laminaire plus
bas.
Le matin, la rosée ne s’est pas encore évaporée, et chacun
sait que marcher dans l’herbe mouillée vous trempe les
chaussettes avec autant d’efficacité que de mettre les pieds
dans une profonde flaque d’eau. Et des pieds mouillés portés
ensuite à une température négative, ce n’est pas très
agréable.
La manipulation des planeurs, s’il fait doux, peut vous
faire transpirer assez vite, surtout si vous êtes sapés pour
un vol de haute altitude.
C’est pour cette raison que les rares spectateurs peuvent
être ébahis par la séance de strip tease pratiquée par les
pilotes juste avant le départ, sur le seul point sec du
terrain : les balises d’angle au seuil de la piste. On
troque les pantalons légers pour des collants et combinaison
de ski, les tennis détrempées pour des moon boots, le bob
pour un bonnet et on enfile un chandail et un anorak. Une
fois habillé, il faut décoller vite si on ne veut pas
bouillir au sol, transpirer et ainsi annihiler les effets du
streap tease.
Il faut enfin qu’une bonne âme rapporte au hangar, sans les
mélanger, les fringues des différents pilotes. Cela se fait
en même temps que le transport des trolleys. Si on accroche,
le retour en fin de vol a toutes les chances de se faire
directement au parking, où la séance de dépoilage inverse
aura lieu, discrètement sur le coté du hangar, à moins que
les thermies perdues en vol ne nécessitent de rester
chaudement habillé un petit moment après l’atterrissage.
Samedi 13
novembre 2010.
Météo du jour : vent de Sud-Ouest au niveau des crêtes,
plutôt Ouest en altitude, sec. Remorqué vers les Issarbes,
ça frétille franchement dès 1300 mètres NH, après une montée
dans l’huile. Je zappe le ressaut d’ «
Arette-la-montée-impossible », le bien nommé, pour ne
larguer qu’aux Issarbes, où il me faudra farfouiller une
bonne dizaines de minutes dans des turbulences sévères avant
de passer soudainement en laminaire dans l’axe de la vallée
de Ste Engrâce, et à la verticale de la ligne HT qui la
relie à La Pierre. On est presque sur la crête frontière,
sans aucun doute sur le 1er ressaut, et le vent à 2500
mètres a une composante Ouest marquée. Pas une nuelle ne
balise les ressauts, on fonctionnera donc toute la journée
au feeling (ou la mémoire) en s’aidant de see you pour
mémoriser les trajectoires. Avec une vitesse GPS vent de
face affichée de 30Km/h au FL 195, le moindre 360 vous fait
vite dériver en arrière de la zone ascendante, c’est
impressionnant sur l’écran, à peine détectable en regardant
au sol, vu l’altitude. La ballade ira jusqu’au-delà de la
vallée des Aldudes, mais à l’Est, on n’osera pas dépasser
Barèges. D’expérience, cette direction de vent ne déclenche
des ressauts que sur le crêtes du haut relief orientées
Sud-Sud-Est Nord-Nord-Ouest, et la perte d’altitude
d’un ressaut à l’autre peut être de 1500 à 2000 mètres, pour
ne trouver qu'un vario de un mètre, et donc une remontée
assez longue. Les crêtes répondant à ce critère à l’Est de
l’Ardiden sont rares (y en a-t-il une ? vers le luchonais
peut-être?). Les plages ascendantes peuvent être étroites,
et facile à louper. Voler vite limite la chute, mais peut
gêner la détection d’une bonne zone, l’aide du collègue qui
vous voit passer comme une fusée alors que lui, monte, peut
être déterminante…
Assez baratiné. je vous laisse regarder les images qui
comptent parmi les plus belles que j'ai eu la chance de
shooter depuis que je vole et qui évidemment font oublier
les détails pratiques d'avant décollage. Vous pouvez
agrandir certaines d'entre elles en cliquant dessus. il vous
faudra cliquer sur "page précédente" dans votre browser
internet pour revenir au texte.
En route vers l’Ouest, vue vers les
Sud. Au 1er plan, la crête frontière enneigée, à l’horizon
le Moncayo.
Sous le Janus, La sierra d’Abodi enneigée.
Le petit point noir sur la droite ? un avion monoturbine en
croisière, route inverse, même altitude, FL150
Le Janus sur fond de côte basque
La Navarre
D’un coup d’œil St Jean Pied de port au 1er plan, au loin
Bayonne, et l’océan
Les Pyrénées de profil au FL195. A
gauche la France à droite l’Espagne
Alignés, le lac d’Artouste, Balaïtous, Vignemale, Mont
Perdu, Cotiella. A l’horizon la sierra de Monsec
Le cirque de Gavarnie
Barrèges à gauche, le pic du midi de Bigorre et le
Tourmalet.
Au fond le plateau de Lanemezan et les vallées
divergentes qui le draînent
Fin de journée avec un dernier point
vers l’Ouest en vue de l’océan
Le 1er relief entre Soum du Grandquet et Pibeste au fond.
Les ombres commencent à être projetées très loin. Lourdes ne
voit déjà plus le soleil. Dans une demi-heure il sera
couché. Il est temps de sortir les AF et de se poser tant
que la visibilité est bonne.