Un congestus n'évolue pas
forcément en cunimbe
samedi 30 mai 2009
Ce matin, les cartes donnent des vents en surface de direction
opposées selon qu’on est au Nord ou au Sud des Pyrénées :
clairement il y a de la confluence sérieuse dans l’air.
Une journée à tâter du cumulus espagnol.
Très tôt, vu de Pau, ça congestifie, là bas vers l’Aneto, tandis
que rien ne se passe à l’Ouest.
Un dernier coup d’œil sur les webcams du pic confirme que ça se
matérialise haut en Espagne. Benoit en Pégase (une fois n’est
pas coutume), Florian en Libelle, et votre serviteur sur Delta
India iront se larguer…. au Sud-Est de l’Anie, en limite de
parc. Bonjour le temps de remorqué. Accrochage en limite des
deux masses d’air, au ras d’un des paysages le plus minéraux des
Pyrénées. Calcaire, calcaire et calcaire.
On arrive péniblement à l’altitude de l’Anie, et hop, cap au
Sud, ou les premiers bons joufflus sont au sud du Visaurin.
C’est un pari. Il doit y avoir au moins une pompe encore
invisible à mi chemin, et comme la masse d’air pourrie gagne
vers le sud, il faut avancer pour n’y être point piégé. En cas
d’échec, l’échappatoire serait alors la plaine Jaca, loin, au
Sud, et c’est la raison pour laquelle on n’aime pas trop ce
cheminement, hors parc certes, mais beaucoup plus aléatoire que
par le Somport. La pompe invisible se montre (une nuelle) à la
verticale du lac d’Acherito, situé… hors parc car coté espagnol.
Ensuite, c’est le synclinal d’Acher, puis les croupes à
pâturages au sud du Visaurin, et non les masses calcaires, des
grands sommets, allez savoir pourquoi. On continuera sans
difficulté aucune vers le grand canyon (d’Ordesa) puis
Cotiella, en observant la congestification au sud sur l’axe
Sierra de Guara – Mallos de Reglos : soit elle va nous donner
des orages, soit elle va faire de l’ombre, gênante au retour.
Là bas à droite, Cotiella
vu avant de traverser la vallée Bielsa-Ainsa, grand trou
bleu classique sur cet itinéraire
Cotiella, face ouest
Benoit, avec une heure d’avance au départ, virera vers la Seu
d’Urgel, je préfère m’arrêter à Castejon de Sos, en bordure d’un
congestus imposant qui se forme sur le Galinero, tandis que ça
passe au cunimbe vers l’Aneto. Florian et la Libelle tourneront
au Turbon.
Casteron de Sos
Histoire de changer, et les conditions le permettant, c’est par
le Nord de Cotiella que se fait le retour. Cela permet d’admirer
l’Ibon de Plan, oasis au milieu d’un désert de calcaire :
Ensuite, bonne surprise, dès qu’une enclume se forme au sud,
elle est désamorcée : les congestus tours fondent par le pied.
Corollaire, il pleut en ciel bleu, et ça fait bizarre.
D’ailleurs, à chaque plafond, on mouille quelques minutes le
profil.
Enclume déracinée :
quelques gouttes possibles en dessous
L’alignement Guara-Mallos de Riglos ne dégénère pas
en cunimbe, mais l’étalement aux formes inversée qu’il
génère donne de l’ombre jusqu’au pied de la Tendenera, ce qui
perturbe un peu le retour.
orage avorté au sud de
l’Oroel. Pas d’eau, mais de l’ombre
ça va monter là dessous,
c'est certain
On navigue à 3000 mètres et donc plus haut que les têtes de
cumulus made in France. C’est toujours un peu inquiétant pour le
retour, car on peut craindre une barrière infranchissable. Il
n’en sera rien, du moins à l’Ouest de la vallée d’Aspe, et même
en son centre, entrevu depuis la verticale de Villanueva
en vallée de Canfranc. Le passage en France se fait au port de
Larrau, atteint en finesse depuis le dernier plafond
sérieux à la Forca.
Cumulus made in France à
gauche, made in Spain au fond
Une branche supplémentaire vers l’Est dans la masse d’air
Espagnole pouvant se solder par un retour très difficile, car
l’ombre gagne par le Sud, on va profiter du soleil encore
présent au Nord. Plafond 1600 mètres, visi crapoteuse, wellcome
back home. On ira cependant faire un dernier point à Pontacq,
alors qu’un beau congestus finit de se développer à l’Est de la
vallée d’Osssau…
Une fois posé, c’est toujours amusant de se dire qu’on a viré un
point là bas loin derrière ces nuages monstrueux dont on dit
qu’il viennent d’Espagne, mais qui en fait se forment de ce
coté-ci de ou sur la crête frontière, et dont finalement on a
fait le tour, par l’Ouest.
La montagne est belle