En ce 1er avril
2004, la situation au lever du jour
est prometteuse, vue du Nord de Pau. Mais on sait
que les fronts se déplacent d'Ouest en Est, et qu'il
y en a un prévu dans la journée
Comme on ne peut pas mettre simultanément dans un
monoplace les 2 propriétaires frustrés de vol par
une météo hivernale pourrie, Ils voleront ensemble
sur le Janus du club.
Décollage vers 13 heures, grâce à Michel qui nous
remorque vers le 1er relief au sud d’Arette. On
farfouille un peu et rapidement on taille la route
dans le laminaire, cap à l’Ouest. C’est très humide.
La crête frontière est accrochée, et le 1er trou de
fœhn souvent traversé par des nuages filandreux.
Plus on avance à l’Ouest, plus la correction de
dérive pour rester en montée – voire limiter la
chute entre deux zones bien balisées - devient
importante. A
la verticale de l’autoroute Pampelune - San
Sebastien on arrive même à avoir une vitesse sol
négative avec 120 km affichés au badin à 5000 mètres
(je vous laisse faire le calcul de la vitesse réelle
du vent… L’extrémité du système étant balisée par un
mur de nuages non franchissable, on s’arrêtera là.
San Sebastian
Mur
à l'Ouest
Cap à l’Est, la lumière est somptueuse, avec arc
en ciel sous nos fesses. Sur fond de pays
Basque
On se déplace avec une vitesse sol considérable, ce
qui nous permet de nous éloigner du mur de nuages
qui se décale plus lentement vers l’Est. Il faudra
néanmoins le surveiller car il devrait être vers
Oloron avant la fin de la journée.
C’est ainsi qu’en cheminant au mieux on se retrouve
dans le ressaut de Luchon, qui tient sa réputation.
Au loin le Canigou se détache au dessus de la mer de
nuages.
A l’Ouest c’est évidemment devenu moins
encourageant. Après être remonté avoir fait le
niveau 195 (19500 ft calage 1013 Hpa soit 5943
mètres), on se prépare à rentrer à la maison, via le
ressaut du Pic du midi de Bigorre…
Col
du Tourmalet
…anticipant un passage sous la couche, et un
dégagement éventuel vers Tarbes, si d’aventure un
rideau de pluie venait à barrer la route.
On avance donc prudemment, en espérant toujours un
trou plus à l’ouest, et c’est au droit de la
vallée de Ferrières, sur la plaine qu’on sortira les
soupapes pour descendre en spirale sous la couche…
où il ne pleut pas.
Mieux encore, il y a du soleil en sortie de vallée
d’Aspe ! On chemine doucement tout en avançant en
sécurité (2000 mètres au km 7 du terrain, il y a de
la marge !) et hop ça repart.
Oh, on se doute bien que ce n’est qu’un intermède
dans le front nuageux, mais maintenant on progresse
au vent du terrain, et si la situation se dégrade on
pourra rentrer vent dans le dos. Le 1er ressaut est
complètement dans le nuage, le second est
filandreux, le 3eme superbe. C’est là que l’on
cheminera, sur la plaine, au vent d’un mur
gigantesque, jusque vers St Palais. Le retour se
fera toujours au vent de ces tours. On se sent un
peu comme un moineau se promenant entre les piliers
d’une cathédrale flottant dans l’espace, le trou de
foehn se faisant de plus en plus étroit, et les
piliers paraissant de plus en plus haut.
On clôturera le circuit au droit de la vallée de
Ferrière, avant une dernière descente en spirale
dans un trou.
538 km de bonheur visuel. La saison démarre tard,
mais c’est bien parti.
Sur
l’image
satellite vers 16h30, on a peine à imaginer
l’existence des trous de foehn…
La montagne est belle