29 juin 2003
Les
fidèles du site le savent. L’entrée maritime a
souvent été une de mes préoccupations.
Je hais les entrées
maritimes.
Elles peuvent être
franches et violentes, là pas problème. On voit
l’enemi arriver.
Elle peuvent être
progressives et ç’est là que ça peut être très
désagréable. Je n’évoquerai pas ici le cas
extrême ou l’on est piégé au dessus de la couche
après avoir fait un beau vol sur les Pyrénées.
Dans ce cas Jaca ou Tarbes sont les dégagements
possibles, la percée étant à proscrire si la
couche est épaisse (ou d’épaisseur inconnue) car
les cailloux sont tout près.
Celle du 29 juin était
visible, mais je me suis fait surprendre… en
finale. C’était pourtant pas faute d’avoir été
prévenu. Mais on n’anticipe jamais assez.
En ce 29 juin de
canicule, remorqué sur l’Ourdinse, où un 4
mètres/s me propulse à 3000m tout en dérivant un
peu pour cause de vent de Sud-Ouest. L’attirance
vers les faces Sud étant ce qu’elle est, j’irai
virer Torla, sous de beaux joufflus, après un
passage en force par los Sarrios ( à l'Est du
Visaurin) dans un –6 d’anthologie, suivi d’un +5
mémorable.
Au passage, j'admire à l'Est
de la Collorada ce que les géologues appellent un
chevauchement: la série crétacée calcaire n'a pas pu
plier, elle s'est cassée, et la même succession de couches
apparait deux fois dans le paysage, avec un plan de
chevauchement à faire pâlir un spécialiste.
Vers
l’Ouest, en longeant la frontière tout en
restant haut, le vent de Sud-Ouest est
suffisamment fort pour déclencher des ressauts
ondulatoires.
4000 mètres au chalet Pedro, puis Luz Ardiden à
la même altitude, pour finir à Kakoueta.
Sommet de la station de Luz Ardiden
Ce faisant, je guette l’arrivée d’air humide.
Premier signe, Ixtassou devient silencieux après
avoir rappelé tout le monde.
La couche de nuages rampe vers nous à
l'Ouest. Elle est précédée d'une zone non matérialisée
où le vent d'Ouest est déjà fort. Son front est
difficile à détecter.
A
Pau le vent est calme, il n’y a pas de
nuelles annonciatrices, Alexandra s’apprête à
voltiger sur le cap10. J’accélère le retour car
la brumasse s’épaissit vers l’Ouest.
Verticale terrain, la
biroute est pendante, la seule indication de
vent est une fumée indiquant du vent d’Est
significatif. Hélas, comme on va le voir, cette
fumée est à l’Est du terrain, donc non
représentative. Vent arrière pour la 07. Dernier
virage assez haut, sortie des landing, et là
pffffffuit, le planeur est vivement secoué
et la piste se barre vers le nord…très
vite!!! mais pas longtemps. La correction
de dérive est immédiate et costaude, 20°.
Anticipant une composante vent arrière du même
tonneau je sors les soupapes au max, et la valse
continue jusqu’au ras du sol, pour cause de haie
d’arbres pas loin de l’axe. L’attero un peu dur
à mon goût, le freinage au max pour éviter un
cheval de bois qui n’a pas lieu
heureusement: à basse vitesse en vent arrière un
planeur est incontrôlable en direction.
3 minutes plus tard, le
posé en 25 eut été chahuté, certes, mais moins
dangereux.
1 minute plus tôt, le
posé en 07 eut été peinard.
C’était la pire synchro
imaginable. En avion j’aurais remis les gaz sans
hésiter. Là, trop tard. En planeur on n'a pas
droit à une 2eme essai.
Même avec un vent calme,
si entrée maritime proche, se poser en 25 à
Oloron.
Je hais
les entrées maritimes (bis).