Samedi 16 mars
2002.
C'était prévu humide,
et pour être humide ça a été humide.
Largué sous une masse bien noire dans le ressaut
d'Issarbe (sur
la vallée d'Ossau c'est couvert à 100% plafond
2200
mètres) je monte le long du mur jusqu'à 4000, tout
en
avançant. A Arneguy, je suis au plafond de la LTA,
sans avoir
fait un virage. L'ennui c'est que Arneguy semble
le dernier bout de
terre visible. Tout est couvert à l'Ouest. Vers
l'Est le mur est
toujours là, et seul un long et étroit trou de
foehn
laisse entrevoir le sol jusqu'à la Pierre St
Martin. Pas
question de se laisser descendre sous 4500m sous
peine de n'avoir que
peu de choix d'évacuation, et ça marche jusqu'au
ressaut
de Gourette. Plus à l'est la sortie poserait moins
de
problème (Argelès est dégagé) mais le
lenticulaire suivant semble loin sur ce qui
pourrait être la
vallée de St Lary. L'axe
Artouste-Cauterets-Barèges est
soudé en un mur diffus de plus de 6000 mètres de
haut,
sommets accrochés compris. Pas question d'y aller
voir. Pendant
que je file vers l'Est en chutant lentement,
apparaît venu
d'Espagne ce qui reste d'un cunimb dont j'avais
entrevu l'enclume
quelques temps avant. En quelques minutes, les
lentilles lointaines
sont masquées par le brouillard. Au Nord, la
plaine est 100%
visible, et je vire... Bagnères de Bigorre. Le
retour devient
fin. A 5000 mètres à Bagnères on a le temps de
faire le bon choix : ça sera cheminement sur les
cumulus
(rotors?) tout en gardant systématiquement un oeil
sur la
plaine, car la visi est brumasseuse sur la
montagne. Les hangars de
Peyrefitte sont visibles, la val d'Azun est dans
le noir, ça
fume vers le Soulor (feux d'écobuage, toujours)
mais il faut
être à la verticale pour identifier l'endroit. Et
c'est de
plus en plus noir à l'Ouest. Sortie des soupapes
sur la
vallée de Ferrière, pour passer sous la couche
calme
à 2200m. Le Jaout est accroché, tout est fermé
même vers les Issarbes. Retour à Oloron sous la
pluie. Pas
eu le temps ni de boire ni de bouffer ni
photographier. 218km en 2h10.
On ne va pas pleurer.
Débrief
:
1-Ne jamais perdre le sol
de vue.
Tout au long d'une nav pas évidente, je n'ai
utilisé le
GPS que pour confirmer le peu que je voyais. La
méthode:
A) Identification point
pyrénéen
B) Confirmation avec des
points
connus de la plaine si disponibles
C) Confirmation avec le
GPS.
Exemple 1 : tiens ! On
dirait le
Gabizos, mais je ne vois pas Gourette. Oloron gps
25 km. OK c'est le
Gabizos ou son frère.
Exemple 2 : tiens ! On
dirait les
usines de Pierrefitte (là c'est plus facile). Sur
la plaine vue
sur Tarbes et... Lourdes apparaît soudain (ouahh
elle est bonne)
juste en dessous. ça marche.
2-Comme il faut
réfléchir, mieux vaut avoir l'esprit clair, et un
oxygène en état de marche, ce qui est le cas sur
Delta
India.
Pour info, Delta Zoulou de
St-Gaudens décollé plus tôt a tourné
à Bedous assez haut, et fait un point vers St
Girons avant de
lui aussi trouver la pluie.
La vie est belle.